Ma mémoire ne me permet pas de dire "aussi loin que je m'en souvienne", alors je vais te parler de dates que j'ai pu retrouver. Elles signent la naissance de ce projet "tour du monde".
Tout a commencé réellement à ma rencontre avec Quentin, en 2015. Quentin avait alors un PVT (Permis vacances travail) Canada pour un an et moi, je rêvais de quitter ma routine et de découvrir ce fabuleux pays. Ni une ni deux, me voilà également avec un PVT Canada en poche. Quelques mois après, nous partions pour un an.
Cette année a très certainement été la plus belle de ma vie. En totale liberté, avec notre Dodge Caravan, nous avons parcouru cet immense territoire pour aller à la rencontre des locaux, chez qui nous restions quelques semaines pour les aider.
Ces rencontres ont été d'une telle intensité que nous avons eu envie d'immortaliser ces souvenirs avec notre caméra. À notre retour, tout début 2017, nous avons travaillé sur notre premier documentaire : "Vivre Autrement, Road to Alaska". Durant 2-3 ans, nous avons eu la chance de partager notre film en Belgique et en France. Une expérience incroyable qui fût très enrichissante.
Toujours en 2017, quelques jours avant d'avoir 31 ans, nous avons une dernière possibilité : reprendre un PVT pour un autre pays. En effet, cette chance est donnée aux Belges avant les 31 ans. Nous avons donc sauté sur l'occasion pour prendre un PVT Nouvelle-Zélande. Nous avions alors un an pour partir avant que le PVT n'expire. Cette période a été un gros dilemme pour nous, car j'avais retrouvé un CDI et avant de signer, mon employeur m'avait demandé si je comptais encore voyager.
Je ne sais pas te dire si je le regrette, mais je me souviens très bien m'être dite "si j'ai mon augmentation", cela me sera compliqué de partir. Je réalise à quel point j'ai préféré la sécurité à une année au paradis, cela laisse à réfléchir. Quentin, lui avait un statut d’indépendant, il était plus libre.
Ce qu'il faut savoir lorsque l'on prend un PVT, c'est qu'on a un an pour l'activer à partir du moment où on le reçoit et une fois sur place, on peut y rester un an. J'ai donc pensé "Ok, je m'offre trois semaines de vacances en Nouvelle-Zélande, je rentre après en Belgique et après, si je ne suis vraiment pas heureuse dans mon quotidien, je peux encore décider de retourner en Nouvelle-Zélande et de profiter de mon PVT". Sachant qu'on est parti en avril 2018, je pouvais y rester jusque avril 2019. Donc imaginons qu'en novembre 2018, l'envie de tout quitter me prenait, je pouvais encore rester plusieurs mois sur place.
Après ces 3 semaines au paradis, je rentre donc seule en Belgique, sachant que Quentin y resterait durant une période indéterminée. Finalement, il y restera 1 mois de plus et 1 autre mois en Australie, rejoindre sa petite sœur qui elle aussi avait le sésame, mais pour l'Australie. Je ne m'attarderai pas sur cette expérience, car je pense que tous deux, nous regrettons de ne pas avoir tenté l’expérience jusqu’au bout en Nouvelle-Zélande.
Le jour du retour de Quentin d'Australie, il a été visiter une petite maison à la campagne que j'avais trouvée pour un bail d'un an. Un an, c'était parfait pour nous afin de réfléchir à ce que nous voulions réellement faire. À ce moment, Quentin entame une reconversion professionnelle à 360°. Il passe de monteur/caméraman à menuisier en 1 an de formation. Mais notre désir de voyage et d'aventure était toujours bien présent. Nous parlons alors d'un tour du monde et nous commençons à penser à un itinéraire. Ce projet-là a été avorté aussi, car Quentin voulait aller au bout de sa formation de menuisier. A ce moment-là, je quitte mon emploi pour travailler dans une agence de voyage, je signe un premier CDD, en attendant que Quentin finisse sa formation. Mais après ce premier CDD, les finances de Quentin ne sont pas au beau fixe, sa formation ne lui a pas permis de pouvoir mettre de côté afin de voyager. Je signe alors un deuxième CDD dans cette même agence de voyage. Puis ensuite, vient le Covid, la formation de Quentin se termine et une proposition de CDI pour nous deux se présente.
Nous voilà repartis pour deux CDI et une nouvelle petite maison à la campagne. Sauf qu'ici, mon employeur connaissait mes intentions. Je me sentais déjà plus libre d'un point de vue professionnel. Finalement, durant ces deux années dans notre petite maison, nous avons pensé faire un tour du monde en commençant en stop jusqu'à Saint-Péterbourg pour prendre le transsibérien, mais la situation en Ukraine a chamboulé nos plans. Ensuite, nous avons imaginé commencer par le Mexique et descendre l'Amérique du Sud, cela semblait être un plan assez réaliste, surtout que les restrictions Covid commençaient à s’assouplir. En rester là, aurait été raisonnable, me diras-tu, c'était sans compter mon angoisse de commencer par ces pays. Trop d'histoires relayées par d'autres voyageurs sur des vols, parfois violents. Je ne me voyais pas commencer le voyage avec cette crainte. Tu me diras, que cela peut arriver n'importe où j'en ai conscience.
Nous voilà donc reparti sur une autre idée de Quentin : acheter un van et faire un tour d'Europe (tu te doutes bien que tu as droit à la version courte de toute notre histoire). Nous avons donc visité quelques vans, mais j'avais des doutes sur le budget. Faire un tour du monde, comme nous le souhaitions, en sac à dos, ce n'était pas le même budget qu'acheter un van (sans s'y connaître en mécanique, sinon ce n'est pas drôle) et voyager en Europe avec le prix de l'essence qui commençait à exploser.
Après quelques échecs avec des visites de van pas très convaincantes, nous nous rabattons sur notre tour du monde en sac à dos. C'est donc exactement le 16 mars que nous décidons de prendre nos billets d'avion pour le Sri Lanka, notre premier pays d'Asie où la réglementation Covid est souple. Départ 4 mois plus tard, le 24 juillet 2022. Entre temps, la situation du pays s'est très fort dégradée avec une crise économique sans précédent. Jusqu'à 48h avant de partir, nous avons longuement hésité à annuler. Aujourd'hui, nous sommes le 27 juillet, nous sommes arrivés au Sri Lanka hier !
Tous ces changements ont été pour nous un véritable ascenseur émotionnel. Mais je suis fière d'une chose : que nous nous soyons accroché pour réaliser notre rêve.
Et si tu nous demandes pourquoi nous avons décidé de faire un tour du monde alors que nous ne sommes plus tout jeunes, nous te répondrons que nous avons une soif débordante d'aventures, de vivre intensément, de fuir la routine et de se créer un maximum de souvenirs. Actuellement, nous ne sommes pas attirés par une vie sédentaire, bien rangée et réglée comme une horloge et peut-être que cela ne sera jamais le cas. Il faut de tout pour faire une monde, n'est-ce pas ?
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